Biographie
Tout débute en 1980 quand Bertrand Cantat débarqué de Normandie, rencontre dans un lycée bordelais ceux qui seront ses partenaires dans l'aventure du groupe : Denis Barthe (batterie), Serge Teyssot-Gay (guitare) et Frédéric Vidalenc (basse).
Réunis à une période où le punk et la new wave sont en perte de vitesse, les quatre garçons sont pourtant des amateurs de ces courants musicaux. Entre 81 et 84, ils passent beaucoup de temps entre les bars et les studios où ils répètent de façon informelle, plus pour leur propre plaisir que dans une optique professionnelle. Quant à Bertrand Cantat, véritable leader du groupe, il commence à ce moment là à s'intéresser beaucoup à l'écriture, à la poésie (Rimbaud et Mallarmé sont ses favoris). Ne jouant d'aucun instrument, il est naturellement amené à chanter.
La rencontre au lycée de Bordeaux
En 1980, Bertrand CANTAT, 16 ans, et Serge TEYSSOT-GAY, 17 ans, se croisent sur les bancs du lycée, ils sont en seconde, à Bordeaux. Pendant les vacances, ils rencontrent Denis BARTHE, dit "Nini", 17 ans. En Octobre, ils décident de former un groupe autour de leurs passions communes Les Who, Led Zeppelin, AC/DC, increvables moteurs de discussions nocturnes.
Nini : "Bertrand et Serge y pensaient depuis un moment déjà. Ils m'ont dit qu'ils cherchaient un batteur. Évidemment, je n'avais jamais touché une batterie de ma vie, mais j'ai menti et ils m'ont cru"
Seul Serge, qui prend des cours de guitare classique depuis une dizaine d'années, possède de sérieuses bases musicales. "Lorsque j'ai rencontré Bertrand et Nini, je me suis senti moins seul. D'un seul coup, j'avais des copains, des gens qui partageaient mes goûts. C'était un bol d'oxygène incroyable"
Les premières répétitions
Le trio ne répète que quelques heures par semaine, lorsque les emplois du temps respectif le permettent. "A l'époque, on faisait du rock comme on va jouer au foot. Avec des rêves de grandeurs, mais aussi simplement pour rigoler entre copains. On ne jouait pas très bien, voir franchement mal pour certains d'entre nous mais on s'en foutait."
En 1981, déjà, le rock devient la préoccupation principale de ces étudiants réfractaires. Et déjà, le discours aime se teindre de colorations politiques. "On parlait de choses qu'on connaissait mal, des problèmes qu'on voyait avec nos yeux d'ados. Mais malgré cette naïveté, il était important de dire des choses, de donner des points de vue."
Les premiers concerts
Un premier "vrai" bassiste, Vincent, fait une apparition furtive. "Même avec des membres non permanents, il y avait une cohésion incroyable dans le groupe. On savait qu'on allait être ensemble pour un moment." En quelques mois le groupe partagera les même concerts "fondateurs" : Neil YOUNG, CLASH, Bob MARLEY ou AC/DC, tous de passage à Bordeaux. "On se disait qu'on ne pourrait jamais jouer comme eux, mais ça ne nous empêchait pas de rêver."
En répétition, les cadences de travail s'accélèrent. Plusieurs patronymes plus ou moins heureux viennent baptiser ce rock maladroit, heurté, pourtant déjà porteur d'un sceau personnel : Psychoz "avec un z" insiste Nini, puis 6.35 _"Pendant deux mois, le temps de jouer à la fête de l'Huma. Apres le concert, un groupe de militants communistes est venu nous proposer des cartes du parti et Bertrand a mangé celle qu'on lui tendait."
L'origine du nom du groupe
Quelques mois plus tard, l'état civil se bloquera sur NOIRS DESIRS au pluriel, vainqueur de l'alternatif STATION DESIR, également proposé par Bertrand. Plus tard, lorsque le groupe sera sur le point de signer chez Barclay, la maison de disque tentera d'éradiquer ce pseudonyme jugé démodé. Finalement, c'est la solution médiane, NOIR DESIR, au singulier, qui sera adoptée.
En 1982, Serge : "C'est dingue ce que l'on peut parler, dans ce groupe. Tout est sujet à réflexion, à débat. Déjà, à cette époque, on passait plus de temps à papoter qu'à jouer." Le mode de fonctionnement NOIR DESIR _ davantage cercles d'amis intimes que groupe de rock du dimanche, s'ancre solidement, le son également. Mais l'alchimie commence à peine à fonctionner que Serge TEYSSOT-GAY, plus motivé par le jeu pur que par les délibérations interminables, décide de prendre le large. "Bertrand et Nini avaient un cote très branleur alors que moi, je voulais jouer, jouer, jouer. Je rêvais de méthode, de concentration."
Nini : "On n'avait pas vraiment la tête sur les épaules. J'ai accepter notre première proposition de concerts alors qu'il n'y avait pas une composition d'écrite. Pourtant, deux mois après, on était sur scène avec sept morceaux.'"
Serge ayant quitté le navire pour former BAM (Boîte A Musique), Bertrand et Nini se mettent en quête d'un guitariste intérimaire. Quant à la question des fréquences basses, elle échoue à Frédéric VIDALENC, transfuge d'un groupe local relativement réputé, Dernier Métro. NOIR DESIR vivra ainsi pendant un an.
En 1983. En fin d'année, c'est Bertrand qui fait ses valises, en proie à quelques tourments amoureux qui l'éloignent du rock. Un chanteur suppléant, Emmanuel ORY-WEIL, apparaît le temps de deux concerts et de quelques séances d'écriture.
Nini : "On s'est débrouillés comme ça pendant six mois et puis un jour, Bertrand m'a dit qu'il voulait réintégrer NOIR DESIR. "
Personnage central dans l'avenir de NOIR DESIR, Didier ESTEBE hérite des clefs de la maison, bientôt soutenu dans son travail de public relation par Emmanuel ORY-WEIL qui se destinera finalement à des fonctions de manager officiel _. "Mais c'est toujours Didier qui allait au charbon lorsqu'il fallait mouiller la chemise." Les concerts se multiplient, les maquettes également. "La plupart du temps, c'était des expériences très frustrantes. Avec les ingénieurs du son, on ne se comprenait pas. Le choc de deux monde. "
En 1984. NOIR DESIR tourne désormais à quatre séances de répétitions par semaine. Deux ou trois propositions de production de single se heurtent au même refus poli. "On ne croyait pas que sur deux titres, un groupe comme NOIR DESIR pourrait montrer toutes ses facettes. On voulait plus de place, plus de temps." Même si les concerts du groupe alimentent une rumeur favorable, les rapports musicaux avec Luc ROBENE, le guitariste ayant pris la succession de Serge, ne sont plus au beau fixe.
En 1985. Finalement, Luc quitte le groupe. Bertrand, qui revoit régulièrement Serge, propose de réintégrer le guitariste original. Nini réfléchit quelques jours avant d'accepter.
Portée par les radios libres et la circulation plus ou moins organisée des démos du groupe, la réputation de NOIR DESIR déborde sur tout le sud-ouest. Serge revenu dans le groupe, les cadences de travail s'accélèrent encore. Pour la première fois, l'idée de passer à la postérité trouve un écho favorable chez le groupe. "Il nous aura fallut cinq ou six ans pour trouver notre son et envisager le passage à l'acte. A partir de ce moment la, on s'est mis à rêver, à imaginer des noms de producteurs idéaux pour notre premier disque : Ray Manzareck, Jeffrey Lee Pierce, Bashung. On avait même pense à Gainsbourg."
Le premier contrat dans une maison de disque
En 1986. L'année du grand saut. "A cette époque, notre manager bossait pour le journal Globe, à Paris. C'est là qu'il a rencontré Théo HAKOLA, à qui il a fait écouter une de nos démos. On était tous très fans d'Orchestre Rouge, qu'on avait vu plusieurs fois en concert, alors lorsque Théo nous a dit qu'il voulait bosser avec nous et nous aider à trouver une maison de disques, on n'en croyait pas nos oreilles."
Logiquement, Théo HAKOLA frappe à la porte de Barclay, sa maison de disque. Avis favorable, même si le directeur artistique demande à voir le groupe en concert. "C'était à Bordeaux, au Chat Bleu, on était très remonté ce soir là. Apres le concert, Barclay nous à proposer d'enregistrer un single. Deux mois ont passé et finalement, on s'est mis d'accord sur l'idée d'un mini-album. Le deal s'est fait après de longues négociations. On était déjà assez regardants sur les clauses du contrat."
La signature chez Barclay
En Juin, le groupe signe pour un an, avec possibilité de renouvellement chez Barclay. Mais le directeur du label appose sa signature en traînant les pieds : "Si on vends 1 500 exemplaires de votre disques, ce sera déjà très bien."
Quelques semaines plus tard, le groupe est à Bruxelles, au studio ICP, avec Théo HAKOLA aux commandes. En vingt jours, l'enregistrement des six titres composant le mini-album sera bouclé.
En 1987. Où veux-tu que je r'garde sort en Février et NOIR DESIR s'embarque en tournée française. Deux mois et une cinquantaine de concerts plus tard, 5 000 exemplaires du disque sont vendus. Pour la première fois, NOIR DESIR joue à Paris, au Théâtre du Splendid, à l'invitation d'HIGELIN. Lorsqu'il ne sont pas sur scène avec NOIR DESIR, Bertrand et Nini évoluent dans l'ombre de quelques autres. " On était roadies sur les concerts à Bordeaux, les grosses machines type Peter GABRIEL. On était de simples pousses-caisses , une bonne école pour l'humilité. On a fait ça jusqu'en 88, simplement pour bouffer."
Premier concert à l'étranger
Pour la première fois, le groupe joue à l'étranger à Montréal.
En 1988. Le contrat avec Barclay est prolongé pour trois albums. Sans le savoir, le groupe possède son principal atout, Aux sombres héros de l'amer, écrit depuis le début de l'année. Pendant les mois qui suivront, le morceau sera éprouvé en concert. Au point qu'au moment d'enregister l'album, le groupe songera à s'en priver.
En 1989. Le Liverpuldien Ian BROUDIE est pressenti pour produire le premier LP de NOIR DESIR. Choix motivé par son travail avec Echo & The Bunnymen.
Installés à nouveau à Bruxelles, au studio ICP, BROUDIE et NOIR DESIR apprennent à se connaître. Ca ne se fait pas sans heurts.
Nini : "BROUDIE était extrêmement exigeant. Les prises de batteries _ dix jours à raison de douze heures par jours _ ont données lieu à des engueulades monumentales. "
Premières diffusion radio
Après la sortie de Veuillez rendre âme (à qui elle appartient), le groupe part en tournée et les ventes de l'album atteignent très vite 50 000 exemplaires. "Et ça, c'était avant le succès en radio d'Aux sombres héros de l'amer. Ensuite, la chanson est montée au Top 50 et tout s'est emballé."
Le groupe donne quelques concerts agités en URSS, à l'invitation des stars locales KINO. De retour à Paris après quelques dates au Canada, NOIR DESIR s'offre trois Olympia à guichets fermés. Apres le show, Barclay fait péter le champagne pour fêter le premier disque d'or du groupe. Conscient de son "devoir" promotionnel, NOIR DESIR tente bien quelques passages en télévision _ chez Dechavanne, entres autres _ avant de jeter l'éponge. "On pensait pouvoir imposer nos règles aux médias en faisant du terrorisme télévisuel, mais on a très vite déchanté." S'en suit un bras de fer légendaire entre le groupe et sa maison de disque. Même sous la pression, le groupe refuse d'apparaître deux 20 h 30 hypers-porteurs chez les ménagères de moins de 50 ans.
En 1990. Crédibilité maximale celle d'un groupe de rock qui ne se laisse pas marcher sur les pieds _ et présence commercial impressionnante : NOIR DESIR doit apprendre a vivre avec cette singulière contradiction. " On s'est sans doute un peu refermés à cette époque, mais c'était une réaction de protection normale, naturelle. On était juste sur nos gardes par nécessité."
Pour marquer son appartenance morale au premier des deux mondes, celui de l'activisme underground, le groupe donne une suite sèche et bruitiste à son premier album. Ce sera Du ciment sous les plaines, contre-pied radical mis en boîte par le groupe lui-même , avec l'aide de la paire Phil Délire/Olivier Genty, ce dernier assurant régulièrement l'enregistrement des démos de NOIR DESIR.
La tournée avec passage éclair au Japon qui suivra la sortie de l'album sera particulièrement chaotique. Au menu : alcool, nicotine, voix cassée, syncopes et folie générale. "Même l'équipe technique était dépassée par les événements, un vrai bazar."
Pour tout simplifier, la tournée s'achève par douze dates à l'Elysée Montmartre, à Paris. Le lendemain du dernier concert, le groupe se réunit chez son manager et passe quelques heures à s'entre-tuer jovialement. NOIR DESIR perd ses deux représentants, Didier ESTEBE (qui a besoin d'un grand bol d'air) et Emmanuel ORY-WEIL (au centre de diverses divergences). Dans le groupe, la séparation menace : Bertrand part pour le Mexique pendant que Serge file au grand air _ "Dans les montagnes pour me refaire une santé" _ . Alors que Frédéric VIDALENC prend le large sur son voilier, Nini reste à Bordeaux et commence à jouer avec Blind Folded et Edgar de l'Est. Les rapports avec Barclay sont glaciaux. Sans promo, ni single, Du ciment sous les plaines plafonne à 120 000 exemplaires _ contre 150 000 pour l'album précédant _ .
En 1991. Le groupe ne s'est plus vu depuis six mois lorsque Bertrand, toujours au Mexique, reprend contact avec Nini. "Dans sa lettre, il me disait qu'il se sentait mieux et qu'il souhaitait se remettre à bosser. J'ai appelé les autres et tout le monde avait envie de s'y remettre." Bertrand : "Avant ce voyage, je me sentais vidé. Je ne savais pas si l'envie de faire du rock allait revenir, je n'étais plus sûr de rien. D'ailleurs, j'ai les même états d'âme après chaque période agitée."
Le groupe se retrouve dans la région de Bordeaux et se remet à l'écriture. Serge habite maintenant près de Paris.
En 1992. Sur les recommandations des Dirty Hands, NOIR DESIR prend contact avec le producteur de Fugazi, Ted Niceley. Cette fois, l'enregistrement de l'album aura lieu en Angleterre.
Quelques mois plus tard, Tostaky sera à la fois le plus grand succès critique du groupe et sa plus impressionnante pénétration commerciale. Partout NOIR DESIR joue dans des salles pleines à craquer. La Hollande, la Suède, la Norvège, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne seront sur la carte de la tournée européenne qui suivra.
En 1993. Les rapports avec Barclay se sont nettement réchauffés depuis l'arrivée d'une nouvelle équipe de direction. Ultimes concerts pour promouvoir Tostaky, qui s'est vendu à 350 000 exemplaires. Avant une série de concert à Paris (L'Olympia), Laurent Rigoulet, journaliste à Libération "un canard dont le ton en matière de rock oscille régulièrement entre condescendance et cynisme obligatoire", parle du "Jim Morrison de Gironde, meneur d'un groupe entre Trust, Johnny Hallyday et les Thugs." CANTAT n'apprécie pas et règle son compte au journal sur scène devant le public (ébahi) de L'Olympia. "Une histoire regrettable" dit aujourd'hui Bertrand, apaisé. L'année s'achèvera de la seule manière possible : vacances ,lecture, voyages et gros dodo.
En 1994. Bertrand consulte plusieurs médecins pour soigner sa voix, éprouvée par les concerts. Serge : "Ça faisait des années qu'on jouait dangereusement avec ses cordes vocales. Trop d'alcool, trop de fumée, pas assez de repos. Sur la tournée de Tostaky, les toubibs lui faisaient des injections, mais ça ne pouvait pas durer longtemps comme ça." A Paris, Bertrand rééduque sa voix en prenant des cours de chant "chez une vieille dame charmante", puis , finalement subit une intervention chirurgicale.
Pendant plusieurs jours , il n'aura plus de voix. NOIR DESIR n'est pas mort, mais presque.
Serge TEYSSOT-GAY en profite pour se lancer un défi personnel : l'écriture et l'enregistrement d'un album solo. Barclay commercialise Dies Irae, album live sans maquillage _ qui se vendra à plus de 200 000exemplaires.
Noir désir et le cinéma
Bertrand reçoit plusieurs propositions pour des rôles au cinéma parmi lesquels celui de L’Étranger, adaptation de Camus mise en scène par Medhi Charef.
En 1995. A l'automne, lorsque le groupe se remet au travail pour l'album du retour, des tensions pesantes s'installent entre Frédéric VIDALENC et le reste du groupe. Finalement, ils décident de se séparer. Quelques semaines plus tard, , l'intime Jean-Paul ROY hérite de la basse. "C'est moi qui me suis proposé à eux, mais sans vouloir être trop lourd. Je leur ai dit : "Si ça peut vous dépanner..."
Projets personnel
En 1996. Silence Radio, l'album solo de Serge TEYSSOT-GAY sort enfin. En mars, le guitariste converse dans Les Inrockuptibles avec Bertrand CANTAT, reporter improvisé. Le duo annonce "de nouvelles bases de jeu pour NOIR DESIR. Le recours systématique à la rage et au volume sonore ne servirait à rien." Lentement mais sûrement, NOIR DESIR achève l'écriture des morceaux _ même si la porte reste ouverte pour des trouvailles de dernière minute _ . En juillet, le groupe se sépare douloureusement de Jean Marc GOUAUX, le manager qui les accompagne depuis Tostaky. Se pose une nouvelle fois la question : faut il continuer ou se dissoudre? Apres plusieurs jours de discussion, la machine repart.
Serge: "C'est une des raisons qui expliquent pourquoi ce groupe joue toujours ensemble. On sait ce qui nous unit."
En août, le groupe s'installe au studio du Manoir, près de Dax. Ted Niceley est à nouveau de la partie. Début septembre, NOIR DESIR précipite la finition et le mixage d'un premier morceau, Fin de siècle, pour figurer, en avant-première sur la compil des Inrocks Un automne 96.
Le groupe annonce trois concerts à L'Olympia, à Paris, lesquels affichent vite complets.
A la fin du mois, l'album 666.667 Club est bouclé. En octobre, le groupe part au Japon pour y tourner le clip d' Un jour en France , puis retrouve le studio de répétitions pour préparer les concerts de retrouvailles. S'en suit une tournée des plus aboutie et qui se termine en apothéose lors des festivals d'été.
Entre 1997 et 2000. Comme d'habitude, le groupe de sépare sans écheances précises et refuse d'établir des plans sur la comète. Bertrand repart en voyage du coté de la Mongolie; Quand il est en France, il joue de plus en plus souvent avec Akosh et participe à l'enregistrement de son nouveau disque. Les autres se partagent entre Paris, Bordeaux et la campagne Landaise.
Contraint qu’il est de ménager sa voix, le chant de Bertrand Cantat joue plus la carte du rock parlé, de la chanson incantatoire, du texte contenu avec rage, condamné à exulter avec parcimonie.
Le groupe tente l'expérience des remixes et offre ses chansons comme champ d’expérimentation à qui veut s’amuser à les triturer. Le succès inattendu de cette initiative donne naissance à « One Trip/ One Noise » , collection de versions électro-alternatives des chansons originales dont l'élite de l'électronique européenne (de Zend Avesta à Al Comet) livre des réinterprétations particulières. Sans oublier le génialissime Yann Tiersen !.
A partir de l’automne 2000, Noir Désir prépare son nouvel album studio auquel le multi-instrumentiste hongrois Akosh et le troubadour belge Arno devraient apporter leurs précieuses collaborations.
En Décembre de la même année, le groupe nous livre une Compilation de 3 cds intitulé "En route pour la joie"; Opus sur lequel se cachent quelques "inédits" non présents sur les albums majeurs (Lullaby, Drunken sailors,...).
Le dernier album
En Aout 2001, sort un single très attendu, le Vent nous portera première trace du nouvel album Des Visages, des figures prévu pour le 11 septembre. Alors qu'ils ont participé à de très nombreux concerts ces dernières années, l'été 2001 voit le retour du groupe à part entière sur scène avec un nouveau spectacle présentant les dernières créations. Morts de trac, les Bordelais sont ainsi présents entre autres aux Vieilles Charrues où ils font un carton. Leur concert est puissant et flamboyant. Ils le terminent par un magnifique "duo" avec les Têtes Raides,l'iditenté.
Enfin, après cinq ans d'attente, le nouvel opus du groupe sort le 11 septembre. Ressourcés, les quatre membres de Noir Désir sortent un album qui paraît le plus abouti de tous. Produit par Nick Sansano (Sonic Youth, Red Hot Chili Peppers), Des visages, des figures contient évidemment le simple le Vent l'emportera sur lequel on peut entendre la guitare de Manu Chao. On retrouve aussi comme invité le sax du fidèle Akosh sur l’infernale l'Europe, 23 minutes 43 scandées avec Brigitte Fontaine. Sur l'ensemble des morceaux, la voix que Bertrand Cantat avait failli perdre il y a quelques années, est désormais plus posée. L'impact des textes est renforcé. L'adéquation entre musique et mots, entre musique et discours est ainsi accrue. Cet album très réussi a tout de même de quoi dérouter les fans du groupe car il s'éloigne du chemin qu'il avait tracé jusque là, au fil des albums et des tournées, et part défricher de nouveaux espaces sonores. En réalité, on n'en attendait pas moins d'artistes qui cultivent le doute et la remise en question artistique.
Nouvelle nomination et apparition remarquée aux victoires de la musique
Début 2002, l'album s'est écoulé à 900.000 exemplaires et le groupe se voit nommé cinq fois aux Victoires de la Musique. Ce succès tarde cependant, aux yeux des fans, à se transformer en une tournée très désirée. Depuis la brève tournée de l'été 2001 (cinq dates dont une en Hongrie), Noir Désir est avare de ses concerts. On les voit à Toulouse en septembre 2001 et à Trappes en banlieue parisienne au profit du GISTI le 10 décembre. Puis plus rien avant l'annonce d'une tournée, essentiellement hors des frontières hexagonales, à partir de mars 2002.
Le 9 mars 2002, le groupe reçoit les Victoires de la Musique pour l'Album rock de l'année et le Clip de l'année (le Vent nous portera).
Mais ce soir-là, ils se distinguent en haranguant le président du groupe Vivendi dont dépend leur maison de disques Universal. Ils lui reprochent une certaine récupération de leur nom comme alibi culturel quant à la diversité dont se prévaut le premier label français. Cet "incident" fait grand bruit dans le landernau artistique.
Tournée à l'étranger et concerts improvisés contre le racisme
Quelques jours plus tard, le 13 mars, le groupe démarre une tournée par le Québec puis l'Europe (Pologne, Pays-Bas, Norvège) avant de donner quelques représentations inédites au Moyen Orient (Syrie, Yémen, Liban, Turquie). Du 29 avril au 4 mai, ils improvisent quatre concerts en France en réaction à la qualification de l'extrême droite lors du premier tour des élections présidentielles en France. Avec les Têtes Raides, Dominique A, Yann Tiersen, Rodolphe Burger de Kat Onoma ou Thomas Fersen, ils manifestent leur colère "contre le racisme et la haine".
Un million d'exemplaires vendus
Puis début mai, ils entament une longue tournée française, à guichet fermé, qui doit les mener jusqu'à l'hiver. En juillet 2002, le groupe se voir décerner un disque de platine par la Fédération internationale pour l'industrie phonographique récompensant un million d'unités vendues du CD Des visages, des figures.
Le public jeune les adule et la critique rock les encense. Il semble pourtant que le groupe que l'on présente parfois, comme le petit frère d'une autre formation rock célèbre, Téléphone, ait décidé de rester lui-même et de profiter de sa notoriété pour exprimer largement ses opinions sur le devenir de la société.
Ventes d'albums du groupe
Selon Barclay, le nombre d'albums vendus par noir désir :
- près de 200 000 pour Où Veux Tu Qu'je R'Garde
- près de 250 000 pour Du Ciment Sous Les Plaines et Dies Irae
- près de 330 000 pour Veuillez Rendre l’ame...
- près de 400 000 pour Tostaky et plus de 700 000 exemplaires de "666 667 Club" au début 1998.
- Plus d'un million d'exemplaires pour l'album des visages, des figures
Ces chiffres ont sans doute évolués après la date de leur communication.
Publié par Korri le lundi 15 mai 2023 à 20:26
Après près de trente années d’exultation à l'écoute de vos morceaux, la goutte tombe toujours d'un miroir. Je me dois de vous remercier pour le désir puis l'envie qui se muta en amour pour la littérature, oui c'est Noir Désir qui m'en donna le goût. Je n'ai pas eu la chance de vous voir en concert et comme beaucoup de mes comparses de guerre, je reste à souhaiter votre retour.
Publié par Christophe le mercredi 10 janvier 2018 à 00:09
De loin le plus grand groupe de rock français à mes yeux, vous nous avez marqué à jamais, merci pour ces bons moments, cette poesie sur fond de riffs bouillants... cette alchimie... l authenticité sans retenue... une influence majeure pour plusieurs generations, j aurai aimé plus encore mais je sais malgré tout la chance que nous avons eu de vous avoir : Merci !
Publié par Myosotis le mercredi 31 aôut 2016 à 20:44
Je vous ai jamais oublié et je n'ai jamais arrêté de vous écouter. Comme bon nombre de mes amis et de leurs amis, vous êtes encore et pour toujours dans notre top 1.
Publié par Marine-Anne le dimanche 20 mars 2016 à 05:51
Les textes et la musique sont toujours aussi hallucinants. Toutes ces années, en scène ou en coulisses, vous avez fait un travail d'orfèvre.
J'aurais bien aimé vous rencontrez ou vous voir jouer, un jour... de paix...
Quoi qu'il puisse arriver, belle route à vous.
Et la lutte que vous menez, avec une résistance stupéfiante, puisse-t-elle apporter de nouveau liberté, égalité et fraternité, dans l'avenir de ce monde.
Publié par kroepook le vendredi 04 mars 2016 à 21:56
Tenez le coup encore et encore. Je ne vous ai jamais oublié!
Publié par Valérie le vendredi 09 novembre 2012 à 18:36
La bio de Marc Besse : un témoignage magnifique, sincère et bouleversant, on écoute résonner les mots comme une ultime chanson de Noirdez...A tous ceux qui ont vibré pour Noir Désir un jour ou depuis toujours, il faut le lire. Pour conjurer ou conjuguer la nostalgie d'une voix, d'une aventure, d'une musique, bref d'un groupe unique entre tous.
Publié par thekantadoors le samedi 14 janvier 2012 à 00:19
Dieu du rock rend nous noirdez et longue vie sans jamais s’écraser